Il est clair que commencer une thérapie peut générer certaines peurs. Chacun développe des résistances qu’il faut surmonter.
Pourtant, prendre un premier rendez-vous est objectivement plutôt simple, et le droit à l’erreur est parfaitement possible, il faut même parfois plusieurs séances pour se faire une idée et vous ne serez pas engagé si vous décidez que cela ne vous convient pas. C’est même tout à fait naturel d’hésiter, on est dans le domaine de l’humain et tout ne convient pas à tout le monde.
Quelques exemples de peurs ou résistances que j’entends régulièrement :
- Au fond, tout ne va pas si mal, et j’ai réussi à mettre en place des stratégies qui, même si elles ont des côtés négatifs, marchent correctement.
- La thérapie, c’est pour les malades ou les fous, et j’ai peur du jugement des autres, de mon entourage, de mon milieu professionnel, en particulier sur ce type de démarche qui pourrait être vue comme une marque de faiblesse. J’ai peur de ce qu’on va penser de moi (il va donc si mal que ça ?) et j’imagine que l’on va mettre au grand jour ce j’ai essayé de cacher.
- Je risque de changer et peut-être de perdre des comportements que j’aime bien et que je reconnais comme positifs chez moi.
- En clair, c’est comme une pile de boîtes de conserve. J’ai peur de déplacer les boîtes du dessous et de faire s’écrouler la pile. J’ai peur que mon travail thérapeutique ne provoque un effondrement, avec une souffrance pire que celle que je vis actuellement.
- Je ne me sens pas capable de faire le deuil de la personne que je suis aujourd’hui. J’ai peur d’y perdre mon âme et mes qualités.
Vous hésitez mais, malgré tout, vos relations avec les autres sont difficiles, vous manquez d’énergie, de confiance et d’estime de vous. Certes, vous n’êtes pas au stade de la pathologie, mais vous remarquez – ou les autres vous font remarquer – des comportements récurrents qui vous nuisent ou nuisent à vos rapports sociaux.
En fait, la capacité d’adaptation d’un individu est considérable. Et, comme un roseau, il peut se tordre jusqu’à un point phénoménal. On peut donc compenser un déséquilibre en s’adaptant, et c’est d’ailleurs une méthode de comportement inhérente à tout être vivant. Si vous perdez un orteil, votre marche et votre équilibre finiront par se rétablir. Si vous avez subi une situation difficile, un stress, un traumatisme, votre comportement va s’adapter lui aussi. Avec quand même, une consigne impérative : se protéger contre quoi que ce soit qui y ressemble.
À cela, deux conséquences majeures :
- Les stratégies ou mesures de compensation mises en place, même si elles vous ont « sauvé la vie » à l’époque, nuisent à vos rapports avec les autres aujourd’hui et c’est particulièrement vrai avec celles qui ont été mises en place dans la petite enfance et dont l’existence et la raison nous échappent souvent au présent. Les mesures correctrices mises en place dans la difficulté deviennent, au bout d’un moment, normales et inconscientes. Et dans le présent, on les oublie. Mais ce qui a marché hier, ne marche pas forcément aujourd’hui.
- Trop se tordre est douloureux. Votre formidable capacité d’adaptation peut vous nuire. On parle souvent du test de la grenouille (je n’ai jamais essayé personnellement, j’aime trop les animaux) : une grenouille plongée dans une casserole d’eau chaude a immédiatement le réflexe de sauter en dehors. Mais si on chauffe l’eau progressivement, elle va s’adapter et risque de se sauver trop tard. Je ne sais pas si cette expérience se vérifie à chaque fois, mais elle me parait très parlante sur ce que je peux voir souvent en thérapie. Les gens acceptent une dose formidable de souffrance pour faire face à une situation, jusqu’à ce que le corps ou l’esprit lâche.
C’est précisément pourquoi une thérapie a de l’intérêt. Elle permet d’abord de conscientiser – et c’est parfois difficile – les phénomènes de correction, et là où vous vous faites parfois du mal à un point excessif. Cela passe par le dialogue, et en cela la Gestalt est une thérapie du dialogue et du contact.
Elle permet d’avoir un effet retour, comme un miroir qui pointe des choses que vous connaissez bien, mais dont vous n’avez pas toujours complètement conscience.
Elle permet aussi d’avoir une main qui tient la vôtre dans le noir et aide à surmonter ses peurs et ses résistances. Un travail sur soi est très difficile à faire seul, car justement le phénomène d’adaptation rend banal les excès.
On pourrait aller voir un thérapeute pour chercher des conseils. Mais celui-ci n’a aucune idée de ce qui convient à chaque personne, il ne peut conseiller quoique ce soit car il n’existe pas de vérité absolue ou de méthode pour le bonheur. Il arrive vierge à chaque fois, les gestaltistes parlent « d’awareness », chaque personne est différente et il n’y a pas grand chose de comparable.
Le thérapeute accompagne, soutient, pointe ce qu’il voit, et s’engage aux côtés de son patient.
C’est pour cela qu’une thérapie suppose une dose d’engagement réciproque, et souvent une certaine durée, et une périodicité régulière.
Alors est-on changé après une thérapie ? Objectivement oui, mais nos meilleures qualités, celles qui nous représentent au fond, ne changent pas.
C’est comme une harpe, vous avez juste rajouté de nouvelles cordes pour pouvoir jouer d’autres airs, et vous jouez beaucoup plus en conscience, mais les cordes de départ sont toujours là. Et ce que l’on aime de vous n’a pas disparu.
Les recherches récentes sur l’épigénétique montrent en outre que l’on peut modifier non seulement son comportement, mais le faire en profondeur et transmettre ces modifications à ses enfants.
Quelques liens :
https://fr.wikipedia.org/wiki/epigenetique
https://www.huffingtonpost.fr/2016/02/02/pourquoi-faire-therapie-9-choses-comprendre_n_9018318.html
https://test.psychologies.com/tests-psycho/tests-therapies/Quelle-therapie-vous-conviendrait
https://www.santemagazine.fr/psycho-sexo/psycho/combien-coute-une-psychotherapie-172240
https://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=psychotherapies_th